Whiplash est l'histoire d'une rencontre entre Andrew, jeune élève passionné de batterie, et Terence Fletcher, un professeur aux méthodes radicales. Sur fond de musique Jazz, Damien Chazelle nous propose un véritable chef d'oeuvre à découvrir sans plus attendre au cinéma. Incontestablement la bonne surprise de ce début d'année 2015 !
Parmi les relations prof-elève(s) qui ont marqué le cinéma, on retient bien évidemment les prestations de Robin Williams dans Le Cercle des poètes disparus (1989), film où les vertues émancipatrices de l'éducation sont mises en avant (le savoir et la connaissance font les hommes libres), mais aussi dans Will Hunting (1997), où l'acteur a cette fois affaire à un jeune Matt Damon très difficile, le film traitant le thème de l'éducation par la connaissance de ses propres émotions et l'affrontement de ses problèmes. Disons le tout de suite : Whiplash n'est sans doute pas loin de s'élever au même rang que ces deux précédents chef d'oeuvre. Dans un autre registre, celui du film musical de Jazz, l'adaptation par Damien Chazelle du court métrage qui lui a valu entre autres le prix du Jury au festival du film de Sundance aborde la relation professeur-élève à travers l'apprentissage du dépassement de soi et la quête incessante de la perfection (musicale).
Whiplash : un chef d'oeuvre passé inaperçu au cinéma ?
Le film est en quelque sorte un ovni sorti au milieu des blockbusters qui cartonnent en tête du box-office pendant les fêtes de fin d'année. Pourtant la critique est quasi unanime : Whiplash est un chef d'oeuvre. Il n'y a d'ailleurs qu'à regarder l'affiche officielle du film ou la pléthore de papiers publiés ici où là dans la presse spécialisée pour y découvrir une ribambelle de qualificatifs on ne peut plus flatteurs : « un groove haletant », « un duel inoubliable », « une révélation », « jouissif » ou encore « l'une des plus belles ovations du festival de Cannes »… Rien que ça ! Reste maintenant à découvrir si le film est à la hauteur. Personnellement avant d'entrer dans la salle, je ne vous cache pas que j'avais tout de même comme un bon préssentiment.
Une relation intense professeur/élève au coeur du film
Dans Whiplash, on suit le parcours d'Andrew (Miles Teller), élève de 19 ans passionné par la batterie qui sera vite repéré par Terence Fletcher, professeur et chef d'orchestre de haute renommée, au sein de la plus prestigieuse école de musique de Manhattan. S'installe alors une relation intense entre le jeune apprenti et le professeur interprété par un J.K. Simmons magistral. La scène d'ouverture du film donne tout de suite le ton en confrontant Andrew, en pleine répétition, à la visite soudaine de Fletcher. Dès le départ on sent bien que la relation entre les deux personnages ne va pas être cousue de fil blanc. Quelques minutes plus tard, le professeur interrompt une répétition de groupe pour y choisir un nouveau poulain. Puis, après quelques tests effectués à chaud sur tous les musiciens de la salle, il finit par jeter son dévolu sur Andrew. Certes on s'y attendait mais la façon de sélectionner employée par Fetcher vaut bien son pesant de pop-corn. Je vous laisse en juger.
En effet, Fletcher a bel et bien une méthode radicale pour mener son orchestre à l'excellence : aucune langue de bois, insultes à tout va dans ses cours, mise en concurrence des musiciens poussés dans leurs derniers retranchements, le maître n'hésitant pas à stopper les répétitions toutes les deux mesures pour mettre ses élèves face à leurs erreurs… et de quelle manière ! La violence de ses mots et réflexions pousse les élèves à boût. Certains craquent et en viennent même aux larmes. En tant qu'observateur, on ne peut qu'être secoué devant un tel spectacle. J.K. Simmons nous sert un jeu d'acteur d'une force incroyable et on frissonne réellement à chaque fois qu'il s'en prend à un de ses protégés.
Le rapport entre musique Jazz et émotions porté à l'écran
Que serait un film traitant du Jazz sans une bande son à la hauteur ? De ce côté-là Whiplash est également une très bonne surprise : la gradation de la musique suit celle de l'intensité des scènes tout au long du film, jusqu'à un final en apothéose qui m'a personnement cloué à mon siège. Pour la majorité des spectateurs (moi y compris), la finesse absolue du Jazz où en tout cas sa recherche peut être délicate à saisir. Amateur de musique et pratiquant en loisir quelques instruments (basse, guitare), ayant également eu la chance de jouer avec d'autres musiciens de tous horizons dans des petits groupes locaux, j'ai totalement retrouvé dans Whiplash le rapport de la musique aux émotions.
Et il s'agit vraiment là pour moi de la plus grande réussite du film, au delà même du jeu formidable des acteurs : Whiplash parvient à retranscrire avec une justesse quasi parfaite ce que l'on peut ressentir en jouant d'un instrument de musique, la notion de groove, mais aussi le progrès à travers l'effort, l'abnégation, le travail et encore le travail. Whiplash assume la vision d'un Jazz élitiste (c'est sur ce point que certains ne seront peut être pas tout à fait d'accord), mais lorsqu'on associe précisément la musique à l'art, quoi de plus approprié dans l'esprit populaire que le Jazz ? On ne peut nier que ce genre musical demeure synonyme de maîtrise rythmique savamment associé à la quête d'un feeling permanent. Certain grands jazzmen y auraient même perçu la quintessence de la vie. Comme le disait si bien l'illustre Louis Armstrong : « ce que nous jouons, c'est la vie ». Quoi ajouter de plus ? Ah si : courrez immédiatement voir Whiplash surtout si vous aimez la musique et le cinéma à émotions fortes. Vous ne serez pas déçu du voyage, je vous le garantis !
La bande annonce de Whiplash
Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn.
Créateur de singularités.