The Thing (2011) : panique en Antarctique

En 1983 sortait l’un des meilleurs films de John Carpenter : The Thing. Démarrage pourtant difficile pour cette seconde adaptation de la nouvelle de John W. Campbell (il y avait déjà eu La Chose d’un Autre Monde en 1951) qui connaitra par la suite le succès qu’on lui connait. Alors, que pouvait-on attendre de cette version 2011 ? Surtout que depuis quelques temps, les remakes et compagnie ne font pas fureur au cinéma…

Film réalisé par Matthijs van Heijningen Jr., sorti le 12 octobre 2011

Le Pitch

En 1982, Antarctique. Une équipe norvégienne, aidée par des Américains, font la plus grande découverte de tous les temps : un vaisseau spatial enfoui sous la glace depuis près de 100 000 ans est mis à jour. De plus, à quelques pas de cette structure inhumaine, un corps est également révélé à la lumière du jour. L’équipe décide donc d’emporter cet extra-terrestre à leur base pour l’étudier. Mais contre toute attente, la chose venue d’un autre monde se réveille et va se cacher dans la base, avide de chair fraîche. Pour se nourrir ? Que nenni ! Les membres de l’équipe vont apprendre avec horreur que cette monstruosité copie l’apparence de chaque personne et prend sa place au sein du groupe pour mieux le décimer. Ainsi, ne sachant pas qui est la créature, la paranoïa s’installe et tout devient possible pour dénicher celui qui pourrait bien être la chose.

Un faux remake

Ce The Thing version 2011, tout le monde l’attendait sous la forme d’un remake. C’est une des raisons pour laquelle ce projet se montrait plutôt casse-gueule. Et pour cause, que pouvions-nous attendre de plus de la part d’une banale copie annoncée d’un chef-d’oeuvre qui risquait de dénaturer ce dernier ? Et bien, rassurez-vous : le résultat n’est pas aussi catastrophique que prévu ! En effet, il semblerait que Matthijs van Heijningen Jr. (qui signe ici son premier film international) et les scénaristes aient pris en compte les doutes qui se faisaient entendre, en restant fidèle au film de Carpenter, au point de nous livrer plutôt une préquelle à ce dernier. Ceux qui connaitraient à la perfection le chef-d’oeuvre de 1983 remarqueront ici et là les nombreux clins d’oeil qui lui sont destinés, et comprendront ainsi la scène finale, diffusée durant le générique. Après, nous pouvons voir ce film comme un remake car il reprend exactement le même concept que son prédécesseur question scénario. A vous de juger !

Les défauts

Mais il ne faut pas crier victoire trop tôt. Même si nous ne pouvions nous attendre à un tel résultat, certains avaient raison sur un point : ce film ne dépasse en aucun cas le long-métrage de John Carpenter. Et pour cause, la donne a changé ! Est-ce à cause d’un public d’adolescents ayant incité l’équipe du film à en faire un véritable film d’horreur ? L’atout du film original, la paranoïa communicative ressentie par les personnages se montrent bien faiblardes dans cette version 2011. D’accord, la créature se montre un peu plus à la lumière du jour. Mais à trop en voir, cela gâche le suspense ! Et même si on reste surpris par moment sur la véritable identité de la chose (pour son apparence humaine), on est bien loin de rester bouche bée devant chaque scène d’un film d’horreur qui use de bruitages sonores pour faire peur et d’effets sanguinolents à tout-va. Et je ne parle pas de la séquence finale, qui prouve malheureusement que le produit est bien hollywoodien. Je n’en dirai pas plus mais j’ajouterai quand même que ce genre d’épilogue n’avait déjà pas trop réussi à The X-Files, le Film. Je terminerai par la bande originale, qui abuse des passages où la créature est visible pour bien se faire entendre (ce qui rend le film bien moins angoissant). Finalement, là où la musique de Marco Beltrami reste satisfaisante, c’est quand elle se fait discrète ou bien quand le compositeur reprend le thème d’Ennio Morricone, utilisé pour la version de 1983.

Les atouts

Fort heureusement, The Thing version 2011 n’est pas à mettre à la poubelle ! Car son grand atout restera sans nul doute sa grande fidélité à l’oeuvre d’origine. Le scénario peut paraître banal si l’on connait le film de Carpenter, mais les aficionados pourront s’amuser à découvrir les nombreux clins d’oeils qui leur sont offerts (utilisation de lances-flammes, le test collectif, des personnes isolées du groupe…)

De plus, le scénario nous offre quelques petites nouveautés plutôt raffrachissantes (les plombages de dents, par exemple) qui évitent toutes répétitions avec le film originel. Et même si le sentiment de paranoïa n’est pas aussi puissant, l’ambiance angoissante dûe à l’isolement des personnages est toujours là ! (l’Antarctique, on ne pouvait rêver mieux comme milieu hostile). Les acteurs, quant à eux, sont bien loin des archétypes du film d’horreur, étant tout à fait convenables et assez crédibles dans chacun de leur rôle.

Pour les effets numériques, on ne peut pas dire qu’ils soient au top niveau. Mais une fois encore, pour ce genre de film qui enchaîne les bâclages techniques à gogo, les effets ne sont pas décevants, même si quelque part, on regrette les maquillages, animatroniques et autres robots du concepteur Rob Bottin qui nous manquent un peu. Enfin, le montage se montre plutôt satisfaisant. Car même si la paranoïa reste dans l’ombre, la tension répond une nouvelle fois “présent”, nous offrant un film somme toute efficace.

Attendu en tant que véritable échec, The Thing se montre finalement à la hauteur. D’accord, il ne dépasse pas le film de John Carpenter et ça, c’était inévitable ! Mais malgré son parti pris pour l’horreur et son côté hollywoodien (sans doute pour attirer un plus ample public), cette préquelle reste un divertissement efficace et de bonne facture, qui saura séduire de nouveaux fans.

Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn.
Créateur de singularités.

Alexandre Auteur
Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn. Créateur de singularités.