Impossible de ne pas avoir entendu parler de The Artist ces derniers mois. Depuis le Prix d’interprétation masculine obtenu par Jean Dujardin au Festival de Cannes, on assiste à une véritable frénésie autour du film ! Mais cette pluie de lauriers est-elle méritée ? J’ai donc fait un saut dans le vieil Hollywood des années 30, pour me faire mon opinion… Silence, ça tourne !
Réalisé par Michel Hazanavicius, sorti le 12 octobre 2011
Le pitch
Hollywood, 1927. Georges Valentine est une véritable star du cinéma muet, la grande vedette des studios Kinograph. On peut dire que la vie sourit à cet homme béni des dieux du septième Art : gloire, fortune et amour en la personne de Peppy Miller, une figurante croisée sur un tournage. Oui mais le cinéma est à l’aube d’une grande révolution… qui va aussi changer la destinée de nos deux protagonistes ! L’avènement du cinéma parlant propulsera Peppy Miller, et une nouvelle génération d’acteurs, sous les feux de la rampe tandis que les acteurs du muet, tel Georges Valentine, connaîtront la déchéance.
La critique
Véritable hommage aux films de l’époque, The Artist est tourné selon les critères du cinéma muet : en noir & blanc, sans parole et avec une bande-son orchestrale omniprésente. On s’immerge alors avec délice dans le vieux Los Angeles des années folles, on s’imagine déambuler aux côté de Georges Valentine dans les rues des studios Warner et Paramount. Dès les premières scènes, on éprouve une forte nostalgie pour une ambiance qu’on ne connait pourtant qu’à travers les vieux Charlie Chaplin, Buster Keaton ou Fritz Lang !
On se prend rapidement d’affection pour le personnage interprété par Jean Dujardin. Cet espèce de bellâtre un brin gouailleur, et qu’on devine généreux, est présenté comme un personnage solaire. Toujours affublé de son fidèle compagnon Jack, un sacré cabotin qui lui sauvera la mise plus d’une fois ! Le personnage féminin interprété par Bérénice Bejot n’est pas en reste. La pétillante Peppy Miller trouve grâce aux yeux des spectateurs, de par sa spontanéité, son espièglerie et la force de caractère dont elle fera preuve tout au long du film. C’est pourquoi on espère, dès la rencontre de ces deux-là, qu’ils finiront dans les bras l’un de l’autre (c’est le mieux qu’on puisse espérer pour un film fidèle aux critères chastes de l’époque !)
Puis survient la naissance du cinéma parlant, tournant historique dans la genèse du septième Art ! On assiste avec plaisir à l’évolution de la carrière de Peppy Miller, et à son ascension jusqu’au rang de star adulée. Mais c’est avec peine qu’on est témoin de la chute de Georges Valentine, de son excès de fierté qui le pousse à claquer les portes de la Kinograph… et à s’accrocher avec entêtement à sa gloire passée. L’homme doit savoir s’adapter pour survivre, et notre héros muet l’apprendra à ses dépends !
Fort heureusement, l’amour triomphe toujours ! Car même abandonné de ses pairs et du public (mais pas de son chien, ni de son chauffeur), dépouillé de ses biens et sans le sou, Georges a toujours une bonne étoile qui veille sur lui. Sans qu’il le sache, Peppy garde un oeil sur lui et elle fera tout pour lui redonner espoir et le faire revenir sur le devant de la scène, pour qu’enfin, à eux d’eux, ils règnent sur le tout Hollywood !
La photographie noir & blanc est de toute beauté, la qualité de la pellicule et les décors réels font qu’on s’immerge immédiatement dans l’atmosphère du film. Ce qui, d’ailleurs, rend l’absence de dialogue tout à fait naturelle… même si certains passages peuvent quand même paraître longs sans paroles pour les animer. La musique est de toute beauté, et les quelques effets sonores venus appuyer le passage au cinéma parlant sont bien vus !
Les acteurs s’en tirent très bien, ils arrivent à rendre crédibles leurs personnages de cinéma muet, sans trop en faire. On aurait pu craindre un excès de grimaces et d’effets de la part d’acteurs qui ne sont pas habitués à s’exprimer sans dialogues, mais Jean Dujardin et Bérénice Bejo (plus lui qu’elle d’ailleurs, ce qui est en totale adéquation avec sa récompense cannoise) ont su éviter le piège. Petite cerise sur le gâteau : il est jouissif de voir des acteurs comme John Goodman et James Cromwell dans une production française !
A notre époque, il est difficile de croire qu’un film puisse être réussi sans avoir recours à des dialogues intelligents et des remarques cinglantes. Mais Michel Hazanavicius et toute son équipe l’ont fait ! The Artist est un pari réussi !
Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn.
Créateur de singularités.