Après Hunger, qui avait révélé à la fois le potentiel du jeune réalisateur Steve McQueen (prédestiné à une grande carrière dans le monde du cinéma avec un tel nom !) et le talent latent de l’acteur Michael Fassbender, Shame signe le grand retour du duo ! Et cette fois encore les deux comparses font des étincelles, puisque le rôle a valu à l’acteur la coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise.
Shame réalisé par Steve McQueen, sorti le 7 décembre 2011
Le pitch
Au premier abord, Brandon (Michael Fassbender) semble être un célibataire New-Yorkais comme tant d’autres. La trentaine, séduisant, il enchaîne les nuits torrides sans lendemain… Mais en y regardant de plus près, Brandon est en fait différent : il souffre d’une addiction au sexe. Est-ce un moyen de combler sa solitude au sein de la froide mégapole américaine ou, bien au contraire, cette obsession et la honte qui en découle l’obligent-il à tenir à distance les gens qui lui sont proches ? Quoi qu’il en soit, il va être difficile pour Brandon de garder son secret lorsque sa soeur Sissy (Carey Mulligan) débarque chez lui à l’improviste !
La critique
Dans Shame tout est mis en oeuvre pour renforcer l’impression de solitude, ce qui est l’une des forces du film.
D’abord par le choix de la saison : l’hiver dont le froid est visible et quasiment palpable, sentiment accentué par le glacis bleuté omniprésent qui teinte la pellicule. A l’écran New-York semble clinique, frigide et inhospitalière. Quant à notre protagoniste, il est célibataire, n’a pas d’ami, garde poliment à l’écart ses collègues et il rejette farouchement sa famille… Sur le plan social, Brandon se situe dans une bulle de vide !
Puis les rapides successions d’images d’instants passés, de femmes, de rapports sexuels, tout cela sans dialogues… seulement quelques bruits de respirations, des râles et une musique classique imposante jettent le trouble et mettent l’accent sur l’absence d’attache.
L’autre point fort du film est la performance des acteurs.
Michael Fassbender mérite amplement qu’on lui fasse des louanges pour le rôle de Brandon. Il réussi la prouesse d’incarner un personnage pervers sans l’avilir, au contraire, il le rend plutôt ordinaire, assez sympathique et touchant… On a même du mal à le juger alors que dans la réalité, on ne s’en priverait pas !
Quand à Carey Mulligan, elle casse son image de jeune femme lisse qu’elle avait endossée depuis sa consécration dans Une Education… Enfin ! Dans Shame, elle joue le rôle d’une femme délurée, pétillante, excessive mais paumée : un nouveau registre qui lui sied aussi bien que celui de la jeune fille douce et fragile. Ca se confirme, cette jeune anglaise a du talent !
J’avoue être sortie déçue de la salle de cinéma… A mes yeux, le gros défaut du film est le manque de consistance de Brandon et Sissy. De ce fait, Shame est d’avantage un film traitant de l’addiction sexuelle (qui se résume en un étalage de scènes de sexe de tout acabit, du matin jusqu’au coeur de la nuit… Comme si la journée type d’un accro au sexe se résumait à se masturber, regarder du porno, s’envoyer en l’air encore et encore !) qu’un film parlant d’un homme souffrant de ce symptôme et de sa manière de le concilier au quotidien.
C’est bien dommage ! Car on distingue une ébauche d’explication de la relation entre Brandon et Sissy qui pourrait expliquer leur mal-être, peut-être même la raison des pulsions sexuelles de l’un et suicidaires de l’autre… Mais cela reste flou et inachevé.
Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn.
Créateur de singularités.