Mélanie Laurent, actrice française devenue populaire depuis Inglorious Basterds de Tarantino, s’est enfin décidée à sauter le pas. La jeune femme qui a toujours rêvé de devenir réalisatrice, nous livre son premier film : Les Adoptés. Elle n’abandonne pas néanmoins son statut d’actrice puisque la jolie blonde reste devant la caméra, aux côtés de ses deux amis acteurs Marie Denarnaud et Denis Ménochet.
Les Adoptés réalisé par Mélanie Laurent, sorti le 23 novembre 2011
Le pitch
Lisa (Mélanie Laurent), jeune mère célibataire, élève son fils Léo (Théodore Maquet-Foucher) avec l’aide de sa soeur adoptive Marine (Marie Denarnaud) et de leur mère Millie (Clémentine Célarié). Les deux jeunes femmes vivent une relation fusionnelle qui va être mise à mal lorsque Marine tombe amoureuse d’Alex (Denis Ménochet). Lisa qui voit d’un mauvais oeil qu’un homme fasse irruption au sein de leur clan matriarcal et lui vole l’attention de sa soeur, se montre ostensiblement hostile envers Alex et s’acharne à culpabiliser Marine. Mais les relations vont évoluer suite à un tragique coup du sort; chacun va alors devoir se redéfinir par rapport aux autres et une nouvelle famille patchwork va se créer autour d’un noyau central : Marine.
La critique
Mélanie Laurent est une jeune femme avec une forte personnalité, ça on ne peut le nier ! Ses déclarations parfois provocatrices ou agressives lui ont d’ailleurs valu le mépris d’une bonne partie du public français. On ressent chez elle un fort désir de s’affirmer, de se différencier et ce désir se ressent dans Les Adoptés, où elle a voulu prouver toute son originalité dans la forme du propos. Ensuite tout n’est que question de goût, mais moi, ça m’a fait vibrer !
J’ai adoré les couleurs patinées, et les lumières poudrées qui nimbent la pellicule. J’ai aimé la surenchère de flou qui transforme les tâches de lumière en gouttes d’or sur fond nocturne ou pluvieux, et qui vous transporte entre rêve et réalité… On a l’impression d’évoluer dans un tableau impressionniste, constitué d’une multitude de touches colorées ! J’ai trouvé très ingénieux le découpage en trois actes, chacun centré sur l’un des protagonistes : Lisa, Marine puis Alex. L’intelligence étant que le découpage reste subtil, l’histoire suit son cours sans coupure ostensible (si ce n’est l’apparition fugace du prénom du sujet central) et pourtant, plus qu’on ne le voit ou qu’on ne l’entend, on ressent un changement. Et dernier point original, le narrateur multiple : les trois protagonistes interviennent en voix-off, de manière anarchique, tantôt en tant que compteur, tantôt sous forme de confession ou encore, pour exprimer leurs pensées. Ingénieuse trouvaille qui permet de marquer un rythme narratif et qui distrait le spectateur afin qu’il ne s’endorme pas, cause de linéarité.
Concernant l’histoire rien de bien original… Si ce n’est la situation de départ de cette famille plus ou moins reconstituée et un brin éclopée. C’est certain, le schéma familial ici dépeint est loin des standards habituels, et il s’en éloignera d’avantage encore à la fin du film ! Certains critiqueront peut-être le traité scolaire du fond, en comparaison des efforts mis dans la forme. En effet, le découpage en trois actes ne s’applique pas qu’au mécanisme de narration mais aussi à la trame du film : la mise en place du décor et des personnages, l’élément dramatique puis la recherche d’une réponse au problème qui accable les protagonistes. Et d’autres encore n’apprécieront peut-être pas le “tout est bien qui finit bien”… Enfin, ça l’est dans une certaine mesure. Pour ma part, je trouve que la conclusion colle bien à l’ambiance générale du film : une ambiance délicatement cabossée !
Les acteurs sont bons. Même si je fais partie de ces gens qui n’apprécient pas énormément le personnage public de Mélanie Laurent, j’admets volontiers apprécier l’actrice (sauf dans Inglorious Basterds étonnement). Dans ses rôles elle parait fraîche, naturelle, plutôt simple… et j’aime ses éclats de rire ! Je ne m’attarderai pas sur les rôles principaux, mais je tiens à saluer la prestation des autres acteurs. Clémentine Célarié colle parfaitement bien à son rôle de jeune grand-mère cool, libérée avec un petit penchant pour l’alcool. Le petit Théodore est à croquer ! Sa frimousse est adorable et il joue très bien pour un si petit bout, on ressent un vrai lien affectif entre Mélanie et lui. Quant à Audrey Lamy, qui est abonnée aux rôles excentriques ces derniers temps, elle campe l’amie libraire un tantinet hippie et patronne de Marine. Comme toujours, elle incarne parfaitement les personnages hors-normes, elle sait se montrer à la fois irritante mais sympathique, voire attendrissante !
Pour un premier film, Mélanie Laurent a plutôt bien réussi son coup. Elle est indéniablement meilleure réalisatrice que chanteuse, et espérons qu’elle recevra d’avantage de louanges pour son film que pour son album… Elle le mérite ! Les Adoptés est un film personnel, différent dans la forme de ce qu’on a l’habitude de voir. En conclusion, c’est un bon film dans le sens où il fait passer un bon moment et qu’il immerge le spectateur dans un univers poétique et touchant.
Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn.
Créateur de singularités.